FRANCINE REDOUTEY LE BLEIS : « Prendre soin de soi, prendre soin de l’autre »
Parole de coach
« Prendre soin de soi, prendre soin de l’autre »
Dans notre série consacrée aux portraits de coachs, nous poursuivons nos rencontres comme autant de témoignages sur la pratique du coaching dans les organisations publiques. Après l’agriculture, les affaires sociales, la Police nationale, nous entrons aujourd’hui dans le monde de la fonction publique hospitalière, le monde du soin.
Francine Redoutey-Le Bleis nous ouvre les portes de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). Elle nous parle avec enthousiasme de sa pratique professionnelle du coaching ausein d’un réseau de coachs internes du 1er employeur d’Ile-de- France (100 000 professionnels).
Identité professionnelle
A ses clients internes, Francine se présente de façon succincte. Elle va à l’essentiel en privilégiant les informations qui peuvent rassurer quant au professionnalisme de l’accompagnement : une coach formée, supervisée et soucieuse, d’abord et avant tout, d’appliquer strictement le cadre déontologique du coaching.
Selon les cas et si cela s’avère nécessaire pour mettre en confiance son coaché, elle peut être amenée à évoquer sa formation de psychologue du travail, son expérience en matière de conduite de projet RH voire son statut de contractuelle.
En plus de ses activités au sein de l’AP-HP, Francine a des activités d’enseignement. Elle fait notamment partie des intervenants professionnels bienveillants qui viennent animer les ateliers de pratique et partager leur expérience avec les étudiants du Master « Coaching et accompagnement de la transformation des organisations publiques » à l’université de Paris Dauphine.
Référentiels et outils
Francine s’est formée au coaching à l’université (Master coaching –Paris VIII), un lieu d’apprentissage œcuménique qui lui a permis de découvrir tout un panel de référentiels et d’outils. La systémique a particulièrement suscité son intérêt.
Au fur et à mesure de sa pratique et de ses formations certifiantes, Francine s’est constitué toute une panoplie d’outils – estampillés systémique ou pas – qui vont des tests de personnalités de type MBTI, niveaux logiques de DILTS … en passant par le dessin, les Playmobil (pour rejouer des scènes). Quelle que soit la ressource mobilisée, il s’agit d’abord et avant tout de permettre au coaché de se décentrer, de changer de point de vue pour faire évoluer son regard. En matière d’outils, il est question de dosage et de timing. Pour qu’il soit pertinent, l’outil doit intervenir au bon moment (quand l’alliance est établie) pour soutenir le travail en cours. Il ne doit en aucun cas s’imposer et casser la dynamique de la relation. L’ajustement est subtil ; il s’acquiert avec l’expérience, guidée par la supervision.
Le coach comme outil
Francine le réaffirme : le premier outil du coach est le coach lui-même. Il est donc essentiel pour elle de s’accorder le temps du débriefing pour revenir finement sur sa pratique, repérer les zones d’inconfort à travailler en supervision (toutes les 5 à 6 semaines) et les zones d’ombre à travailler dans son espace thérapeutique. Son objectif est d’ajuster sa pratique grâce à ce travail itératif entre pratique/analyse.
Pendant les séances de coaching, Francine prend des notes : verbatim, schéma, petit dessin… en ayant au préalable pris la précaution de demander l’accord à son client ; elle lui explique la nature de ces notes, leur usage strictement limité au travail en cours, leur utilité pour tracer le cheminement de la relation.
A l’issue de la rencontre, elle pose d’autres mots pour compléter l’analyse. Son truc : un A3 plié en deux avec une feuille contenu (déroulé), une feuille processus (émotions, hypothèses, ce qui a bougé/ce qui n’a pas bougé…). Tout ce matériau sert à la préparation de la séance suivante et peut servir si besoin de base d’échange avec le client pour mesurer l’évolution, faire des liens entre deux entretiens.
La vigilance à l’autre
Dans le monde du soin, Francine ne pouvait conclure notre entretien sans nous délivrer une « ordonnance » spécialement adressée aux coachs débutants :
– Prenez soin de l’autre dans le non jugement
– Restez humble dans votre pratique et évitez la toute-puissance
– Mettez-vous au service du coaché en créant une juste relation
– Veillez à la congruence entre vous, coach et votre pratique
– Conserver l’histoire de vos coachings pour ne pas oublier et, au besoin, aller déposer des inconforts en supervision (individuelle et/ou collective) ou dans l’espace thérapeutique.
Nous repartons de cet entretien avec une précieuse liste de recommandations.
Merci Francine pour cet échange riche d’enseignement pour les coachs débutants.